dimanche 6 mars 2011

Flics ou ripoux ? (1)

Alain COUTTE
24 février 2011

« À Marseille, j’ai connu un policier intègre : il a été muté ! »
Alain COUTTE - 24 février 2011

Plan de la compilation :

1- Préambule
2- Extorsion d’aveux, intimidations, menaces de mort et provocations policières
2.1- Un particulier attaque un policier pour extorsion d’aveux
2.2- Intimidations (menaces de mort ?) : « Faire un tour aux Goudes »
2.3- « Le Code Pénal, je l’utilise comme papier de toilettes »
3- Les commissaires et flics ripoux marseillais et des environs
3.1- Le commissaire principal marseillais était un ripou
3.2- Commissaire de Carpentras le jour et proxénète le soir ?
3.3- Ripoux à Marseille : tout un art !
3.4- Un flic ripou se fait sucer dans les toilettes par une gardée à vue !
3.5- Les flics marseillais chauffards et « cow-boys » au tribunal
3.6- Encore des policiers ripoux à Marseille
3.7- Toujours des flics ripoux à Marseille
4- Commissaires et flics ripoux en France
4.1- Commissaire la bavure ?
4.2- Deux policiers ripoux en prison
4.3- Ces flics qui améliorent leur ordinaire
4.4- Témoignage d’un ex-officier de police
4.5- Quelques avantages en nature d’Air France
4.6- Les commissaires touchent de l’argent sur les gardes à vue
4.7- Divers


1- Préambule
Il ne s’agit point de jeter l’opprobre sur toute une profession, mais de dénoncer les dérives trop nombreuses de policiers qui se conduisent comme les malfrats qu’ils ont l’habitude de côtoyer tous les jours.
Pour celles et ceux qui aiment le « poulet grillé », on va naturellement commencer cette compilation par Marseille, cette ville « mafieuse » par excellence qui détient certainement le « palmarès » des flics ripoux de France.
Cette compilation n’est que la partie immergée d’un immense iceberg. Tout comme pour la magistrature que j’ai eu l’occasion d’évoquer pour ses pédophiles, nombreuses sont les affaires qui sont passées sous silence.
José d’Arrigo - journaliste et reporter -, lors d’une émission télévisée qui s’est déroulée sur La Cinq, le 10 décembre 2010 à 18h, rappelait à juste titre que lorsqu’il  rencontrait un policier, il se posait toujours la question de savoir s’il avait à faire à un flic ou un voyou marseillais, ce qui nous en dit long sur certaines pratiques qui ont cours dans la cité phocéenne…

Pour qualifier la proximité entre enquêteurs de police et truands, Jacques Dallest, le Procureur de Marseille, emploie le terme quasi administratif de « porosité » des services de police et de gendarmerie.
[…]
Dans « l’affaire Guérini », le même procureur Dallest s’est plongé dans un mutisme qui ne lui ressemble guère. Pourtant jamais loin d’une caméra, le magistrat s’évapore dès que celle-ci est évoquée.


2- Extorsion d’aveux, intimidations (menaces de mort ?) et provocations policières

2.1- Un particulier attaque un policier pour extorsion d'aveux
Le Point.fr - Publié le 11/10/2010
C'est une première. Mardi, un particulier assigne, à Paris, un fonctionnaire de police au civil pour « extorsion d'aveux ». Patrick Leveneur affirme avoir avoué « sous la pression » afin de protéger « sa femme et ses enfants ». Une affaire qui relance l'éternel débat sur la présence de l'avocat en garde à vue.
Patrick Leveneur « n'arrive pas à tourner la page », même si les faits remontent à 1997. Accusé de viol par sa belle-soeur, l'homme passe aux aveux lors de sa garde à vue, au commissariat de Marseille, en mars 1997, avant de se rétracter peu après devant le juge d'instruction. « J'étais seul à seul face à un policier qui m'a dit : Tu sais, tu avais 17 ans au moment des faits, tu étais mineur, tu ne risques rien. Si tu continues à nier les faits, ta femme va accoucher en prison et tes deux enfants vont être placés à la DDASS. J'ai alors pensé à eux et j'ai avoué », se souvient, amer, Patrick Leveneur. « C'était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. Je n'avais jamais eu affaire à la justice et personne ne m'a dit que je pouvais être assisté par un avocat. Je n'en ai d'ailleurs pas vu pendant ma garde à vue », ajoute ce grand gaillard en colère. Soupçonnée de complicité, son épouse assure avoir été fouillée à corps et menottée alors qu'elle était enceinte de huit mois. « Il faut que les gardes à vue dans ces conditions cessent », revendique le couple qui a bénéficié d'un non-lieu délivré par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, le 28 janvier 1999.
« Cette histoire m'a démoli »
Pendant sept ans, l'homme est toutefois contraint de se présenter chaque mois au commissariat malgré la décision de justice. Un mal pour un bien. C'est ce qui permet aujourd'hui à cette affaire de ne pas tomber sous le coup de la prescription, limitée à dix ans au civil. « Cette histoire m'a démoli », raconte Patrick Leveneur, aujourd'hui chauffeur de bus dans le Val-de-Marne, qui demande que « le préjudice soit estimé à la hauteur du dommage subi ». « Cet homme a effectué quatre mois de prison sur la base d'aveux extorqués lors d'une garde à vue. Son innocence a été démontrée. Il commence à sortir d'une dépression et demande aujourd'hui des comptes », explique Gilbert Collard, son avocat. Le célèbre conseil demande 200.000 euros pour Patrick Leveneur et 100.000 euros pour son épouse à titre de réparation. « Mais un euro symbolique suffirait », affirme l'avocat, qui veut démontrer à travers ce cas douloureux que « la garde à vue est dangereuse pour les petites gens ».
En ligne de mire, la très attendue réforme de la garde à vue, présentée dans les prochaines semaines devant le Parlement. Le texte prévoit la présence d'un avocat pendant toute la durée de la garde à vue (pour toutes les gardes à vue de droit commun) contre trente minutes d'entretien consenties actuellement. Insuffisant pour Matthieu Bonduelle, le secrétaire général du Syndicat de la magistrature, pour qui le rôle de l'avocat se limite à sa seule présence :
« Il ne pourra ni poser de questions ni avoir accès au dossier, fulmine le représentant syndical. Avec ce projet de loi, on avance en reculant. »


2.2- Intimidations (menaces de mort ?) : « Faire un tour aux Goudes »
L’expression favorite des flics « ripoux » marseillais consiste à dire à une personne mise en garde à vue :
« Si vous ne dites rien, je vous emmène "faire un tour aux Goudes". »
En langage de voyous, c’est au mieux une intimidation, et au pire, une « menace de mort » (?), car c’est aux Goudes que ces derniers règlent leurs comptes d’une balle dans la tête.
Il ne faut jamais se laisser impressionner par ce genre d’individu - on les reconnaît généralement à leur ventre « dodu » (certains se reconnaîtront…) -, qui essaie de vous intimider. Le mieux est de leur répondre, avec humour :
« Si cela fait longtemps que vous n’avez pas pris l’air, allons-y faire un tour. »

2.3- « Le Code pénal, je l’utilise comme papier de toilettes »
Il est bien connu que les policiers se fichent complètement du CPP (Code de Procédure Pénal) qu’ils ne connaissent pas du tout, et qu’ils commettent de nombreuses infractions lors des procédures de mises en garde à vue.
Rappelons que lors d’une mise en garde à vue, l’OPJ (l’Officier de Police Judiciaire) a pour obligation d’informer la personne mise en garde à vue (pour ne citer que les principaux points) :
A- « de la nature de l’infraction sur laquelle porte l’enquête » (L. n° 2000-516 du 15 juin 2000, art. 7-1, applicable à compter du 1° janvier 2001 ; premier alinéa de l’article 63-1) ;
Cette obligation la plus importante est souvent bafouée, les policiers ne fournissant « la nature de l’infraction » qu’à l’issue de la garde à vue, leur laissant ainsi le temps de la « re-qualifier » comme bon leur semble.
B- De son droit de ne pas répondre aux questions posées (fin du premier alinéa de l’article 63-1) ;
Nous arrivons là à une obligation qui est systématiquement bafouée par les enquêteurs qui ne la notifie JAMAIS aux gardés à vue, et pour cause !
C- Des dispositions sur la durée de la garde à vue;
Là encore, la durée de la garde à vue n’est jamais précisée d’avance…
D- De son droit de demander à être examinée par un médecin ;
E- De son droit de s’entretenir avec un avocat.

Un jeune policier, « blondinet et efféminé », auquel je faisais remarquer un jour que l’article 803 du CPP ( Loi N° 93-2 du 4 janvier 1993) stipule :
« Nul ne peut être soumis au port des menottes ou des entraves que s’il est considéré soit comme dangereux pour autrui ou pour lui-même, soit comme susceptible de tenter de prendre la fuite. »
me fit la réponse suivante :
« Le code pénal, je l’utilise comme papier à toilettes » (sic !)